Un jour, je vous parlerai d'un roman jeunesse qui m'a beaucoup marqué dans ma vie d'adulte. Après une relecture, l'empreinte est toujours là et le jour est venu.
Le titre de ce roman jeunesse m'avait interpellé d'emblée sur le présentoir de la médiathèque que je fréquente, tel un loup qui surgissait en affirmant _Un jour, je te mangerai_. Ce loup qui ne me louperai pas quoique je fasse, n'était rien d'autre que celui du chaperon rouge. Mon regard de plasticienne par le code couleur : le vert de la forêt, le rouge de la pomme, m'avait ramené au conte que l'on lit aux petits enfants. Au moment, où je vous écris, je m'interroge sur le moment opportun pour lire ce livre à son petit. Il m'apparait maintenant saugrenu de le lire juste avant de dormir. Mais bon, stop digression. Le titre prometteur ou ravageur et l'image de la couverture avaient œuvré... sur le champ, je l'ai emprunté.
Je l'ai englouti comme Alexia engloutit les gâteaux, crêpes qu'elle confectionne dans la cuisine lorsqu'elle ose s'y aventurer. Cependant, je ne suis pas allée me cacher dans la salle de bain pour extraire ces phrases qui m'ont happé durant ma lecture, alors qu'Alexia, personnage principal de ce roman, s'adonne après un tel festin à un rituel d'expiation, de rejet de ce qui a pu être "ingéré"/ "un géré", de ce qui finalement n'est pas ou n'a pas pu être "digéré"/ "dit géré".
Alexia est une jeune fille de 15 ans qui ne se trouve pas belle. Sa vie oscille entre 2 états : un moment, elle s'empiffre de tout ce qui lui tombe sous la main et un autre, elle refuse de s'attabler avec les siens. Du jour au lendemain, elle n'aime plus le chocolat. Au delà de l'histoire d'une grande sœur qui semble haïr sa petite sœur, Chloé ; nous sommes assujettis comme l'est toute cette famille au Trouble de Conduite Alimentaire dont souffre Alexia. Géraldine BARBE m'a embarquée, à travers les mots, les phrases, et le rythme du récit savamment choisis, dans cette frénésie alimentaire et également dans ces vides (de compréhension, de sens, de vidage parfois nécessaire...) que le TCA peut véhiculer aussi. Tour à tour, ma lorgnette passait d'Alexia, à Chloé, à son père ou à sa mère. C'est le TCA et ses agissements qui sont devenus pour moi, le personnage principal de toute cette affaire.
Il m'a été précieux de le lire, de le vivre presque de l'intérieur pour saisir ce qui est à l'œuvre dans ces TCA et combien il affecte celui qui en souffre, mais aussi ceux qui l'entourent et l'accompagnent au quotidien. En tant que thérapeute, j'apprécie ces romans ou ces textes qui agissent comme des transcriptions ou des récits intimes, et nous éveillent. Ils nous permettent d'en connaître un petit bout. Et pour ma part, ils offrent un éclairage nouveau et œuvrent dans mon savoir être de thérapeute.
Pour ponctuer cet article, je ne peux m'empêcher d'ajouter une autre référence : _ Pressée de vivre Combat d'une jeune anorexique_ d'Anne-Charlotte LACROIX à découvrir également.
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